Présentation générale
La mise en accessibilité et en sécurité du Théâtre National de la danse de Chaillot a été l’occasion de repenser de manière beaucoup plus large le fonctionnement du théâtre dans sa globalité, ainsi que son rapport aux très prestigieux abords immédiats.
Principales interventions d’accessibilité :
- accessibilité des entrées et des sorties
- organisation intérieure : fluidité et cohérence des circulations pour tous les usagers (publics, artistes, techniciens, gestionnaires)
- accès à l’œuvre
Situation géographique :
- Paris, Ile-de-France, France
Description des installations :
Conçu en 1937 par les architectes Jacques Carlu, Léon Azéma et Louis Boileau, le bâtiment abritant aujourd’hui le théâtre de Chaillot était alors destiné à accueillir l’exposition internationale des arts et des techniques. Il prend place sur le site de l’ancien Palais du Trocadéro édifié pour l’Exposition Universelle de 1878 par l’architecte Gabriel Davioud et l’ingénieur Jules Bourdais.
En 2014, à l’occasion de la mise aux normes nécessaire du théâtre (en terme d’accessibilité et de sécurité incendie), celui-ci va connaître un lourd chantier de remise en cohérence globale du cadre bâti et de ses abords. Ce chantier colossal, où il apparaît nécessaire de creuser dans la carrière de Chaillot, durera trois ans. Le projet sera mené par l’agence d’architecture Brossy&associés et l’agence de scénographie Changement à vue. Le chantier concomitant sur le parvis des droits de l’Homme sera quant lui mené par l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, Lionel Dubois.
Pour aller plus loin :
- le site internet du théâtre (nouvel onglet)
- la page dédiée au projet sur le site des architectes Brossy&associés (nouvel onglet)
- le site internet de l’agence de scénographie Changement à vue (nouvel onglet)
Auteur de l’article : Clémentine Laurent-Polz
Enjeux du site
Valeur patrimoniale et attractivité
- bâtiment entièrement classé au titre des Monuments Historiques depuis 1980
- abords prestigieux : l’esplanade du Trocadéro, la Tour Eiffel, la Seine
- nombre de visiteurs : 2 salles de respectivement 1250 places et 390 places
Problèmes d’accessibilité avant travaux
- l’accessibilité de l’entrée et le rapport aux abords immédiats
- l’accessibilité des différentes salles et l’évacuation en cas d’incendie
- l’ergonomie des accès et des circulations pour les techniciens et les artistes
- des outils d’accès à l’œuvre pour tous les publics à développer
Stratégie d’intervention
Le bâtiment édifié en 1937 par Jacques Carlu, Léon Azéma et Louis Boileau est construit sur un principe structurel simple de système poteau-poutre auquel s’adjoint un habillage en brique creuse et plaque de marbre. C’est dans ce maillage que le nouveau projet de restructuration lourde du bâti doit trouver sa place. Plusieurs actions fondamentales sont mises en place dans le projet afin de redonner au théâtre sa cohérence fonctionnelle et architecturale :
- l’entrée historique située du côté de la place du Trocadéro est réhabilitée et redevient l’entrée principale
- la nouvelle salle Gémier reste contenu dans l’enveloppe initiale du bâtiment classé
- des tunnels et ainsi qu’une desserte verticale constituée d’un grand puits de 28 mètres de profondeur sont creusés dans la roche de la carrière Chaillot
Projet
Les abords et les accès sont repensés
Une des premières contraintes du projet et de l’accessibilité des espaces est le dénivelé de 28 mètres qui sépare la place du Trocadéro des différents plateaux scéniques.
Une nouvelle entrée structurante de desserte technique du théâtre est créée au niveau de l’avenue du président Wilson, ce qui amène un réaménagement global du parking du même nom. Cette nouvelle entrée permet d’acheminer les décors via une grande rampe qui se connecte ensuite à l’une des clés de circulation du projet : le puits central de desserte.
Un grand puits de 28 mètres de profondeur a été mis en place au cœur même du projet tel une véritable clé de voute du dispositif de circulation intérieure. Cette desserte verticale permet en effet de faciliter l’accès pour le personnel et l’acheminement des décors jusqu’aux salles. Ce puits offre également un accès de secours dans un contexte complexe de salles enterrées qui posaient des problèmes d’évacuation du public évidents. Il est équipé d’une plateforme monte-décors, d’un ascenseur pour le personnel et d’un escalier de secours, et prend place entre les anciennes fondations de l’édifice de Davioud.
L’entrée historique du bâtiment de 1937 située du côté de la place de Varsovie est revalorisée et intégrée au schéma stratégique du projet. Le théâtre retrouve ainsi une entrée majestueuse face à la tour Eiffel. Le grand hall Gémier offre une vue sur les jardins et la Seine et reconnecte ainsi le théâtre avec son environnement patrimonial immédiat. Il est constitué d’un large volume en double hauteur, qui dessert en partie basse le parterre de la salle du même nom et en partie haute le niveau supérieur des gradins.
Organisation intérieure : fluidité et cohérence des circulations pour tous les usagers
Les circulations ont été repensées de manière à améliorer l’accessibilité pour le public bien sûr, mais également l’accessibilité pour le personnel, les artistes, les techniciens, les gestionnaires.
Avant les travaux, il n’existe pas d’accès direct entre les deux salles. Les dispositifs scéniques ou décors devant passer par l’extérieur du bâtiment pour transiter de l’une à l’autre. Cela génère bien évidemment une perte de temps et un manque d’ergonomie pour le personnel.
Le projet propose donc de redonner un lien direct aux deux salles en retravaillant le cœur du projet. Le grand puits central évoqué plus tôt devient un carrefour pivot reliant les deux salles Vilar et Gémier par deux larges couloirs. Ceux-ci sont eux-mêmes creusés dans la roche de la carrière de Chaillot et nécessitent donc des travaux très lourds.
Enfin, un troisième tunnel fondamental est créé : la galerie du parterre. Cette galerie, creusée en profondeur dans la carrière de calcaire nécessite la reprise des fondations du Palais. Elle relie la salle historique des 4 colonnes, la galerie des Nabis, la salle Jean Vilar avec la salle Gémier nouvellement créée.
Deux ascenseurs sont créés pour l’accès au public : un ascenseur permettant d’accéder au hall Gémier en double hauteur du côté de l’esplanade du Trocadéro et l’autre pour un accès à la salle Vilar.
La salle Gémier est complétement démolie et reconstruite dans l’exact volume bâti situé sous le parvis des droits de l’Homme. Ce chantier s’accompagne de la réfection de l’étanchéité du parvis et de son désamiantage. Cette reprise globale permet également de retravailler non seulement l’agencement de la salle (grand plateau accueillant des gradins modulables) mais aussi sa qualité acoustique (principe de boite dans la boite).
Les outils d’accès à l’œuvre
Le Théâtre National de la danse de Chaillot développe par ailleurs des dispositifs d’accès à l’œuvre pour différents publics.
Pour le public aveugle et malvoyant, la programmation intègre chaque année plusieurs spectacles en audiodescription avec en amont la possibilité de s’inscrire à une visite tactile du décor. Des visites tactiles du théâtre sont également proposées.
Il est également possible de participer à des ateliers artistiques adaptés. Ces ateliers peuvent avoir lieu en préparation des spectacles audio-décrits.
Pour le public sourd et malentendant, plusieurs dispositifs sont également proposés :
- des spectacles adaptés en Langues de Signes Française
- des spectacles avec surtitrage adapté
- un amplification sonore avec casque et boucle magnétique individuelle pour tous les spectacles de l’année
- un visite du théâtre en Langues de Signes Française
Acteurs et processus de projet
Acteurs
- Maitrise d’ouvrage : Ministère de la Culture représenté par l’OPPIC
- Maîtrise d’œuvre :
- Architecte : Brossy et associés
- Architecte en Chef des Monuments Historiques Lionel Dubois
- Scénographe : Changement à Vue
Montant des travaux : 14 millions d’euros
Surface (SHON) : 2 900 m2
Photographies et plans
END