L’espace d’expositions temporaires

Photographie du Musée des Beaux-Arts de Chambery

Le Musée des Beaux-Arts de Chambéry

  • Lieu : Chambéry, France
  • Date : 2012
  • Maîtrise d’ouvrage : Ville de Chambéry
  • Architecte : Frenak & Jullien
  • Conception lumière : Observatoire 1 / 8’18’’

Le musée des Beaux-Arts de Chambéry est situé dans cette ancienne halle aux grains construite au début du 19ème et surélevée à la fin de ce même siècle par l’architecte François Pelaz. L’architecte décide alors de construire au-dessus du rez-de-chaussée – dont les piliers et les voutes sont conservés – deux nouveaux étages desservis par un grand escalier à double rampe. Le bâtiment abritait alors le musée-bibliothèque de la ville ainsi qu’une école de dessin. Depuis 1992 et la construction de la médiathèque, le musée des Beaux-Arts investit tout l’espace.

Musée de Chambéry

Carte postale du Musée

Le musée abrite la seconde plus importante collection de peinture italienne en France, mais également une large collection de peinture française et quelques sculptures dont « l’enlèvement des Sabines » de Giambologna.

Ce projet prend place dans un projet plus vaste visant à renforcer l’attractivité du centre ville et des espaces culturels : « Le public doit trouver des conditions de confort et de service répondant aux attentes d’aujourd’hui. (…) L’ensemble s’inscrit dans la grande opération d’urbanisme qui est en train de remodeler le centre ville de Chambéry: Halles, Office du tourisme, CIAP, etc. » explique Jean-Pierre Ruffier, Premier adjoint au Maire, Chargé de la culture, de la diversité culturelle, du tourisme et du Patrimoine.

Le projet

Après trois ans de travaux et une restructuration lourde du bâtiment, le musée a rouvert au public en 2012. Cette restructuration a permis d’aménager le musée de manière à mieux accueillir l’ensemble des publics. Elle a également été l’occasion de repenser l’espace dans sa globalité afin de présenter davantage d’œuvres et de mieux les valoriser par une nouvelle mise en lumière du lieu. Plus largement, le travail de conception lumière a porté sur les espaces d’accueil et de circulation, et les différents espaces d’expositions.

La conception lumière des espaces d’expositions

La conception lumière des espaces se doit de concilier les enjeux architecturaux et patrimoniaux et les enjeux de conservation préventive des œuvres. La conception du dispositif d’éclairement du troisième étage (dédié aux expositions permanentes) illustre bien la complexité de la problématique posée lorsqu’il s’agit d’intervenir dans un cadre bâti existant.

L’un des enjeux forts du projet architectural était de requalifier la verrière existante, celle-ci représentant une caractéristique patrimoniale de l’architecture des musées des Beaux-Arts de cette époque. Ce parti-pris a nécessité la conception d’un dispositif d’éclairement spécifique valorisant la lumière naturelle de la verrière tout en garantissant l’absence de lumière directe sur les tableaux pour des raisons de conservation.

Ainsi, le dispositif proposé est composé de déflecteurs intégrés à la verrière permettant de diffuser la lumière naturelle lorsque celle-ci est suffisante. Les panneaux déflecteurs disposés verticalement interceptent les rayons solaires, les « brisent », et par jeu de reflets, les diffusent dans l’espace de manière homogène.

Lorsque la lumière extérieure est insuffisante, lors d’un ciel couvert ou la nuit par exemple, l’éclairage artificiel situé en partie haute des cimaises prend le relais et permet de garder un éclairement suffisant de l’espace. Le niveau d’éclairement étant contrôlé par sondes.

L’ensemble du dispositif est fixe, il est donc conçu dans le cas du niveau d’éclairement naturel le plus défavorable, ainsi, c’est la lumière artificielle qui varie et s’adapte au niveau d’éclairement naturel mesuré.

Coupe sur la verrière du troisième niveau, de jour et de nuit

Coupe sur la verrière du troisième niveau, de jour et de nuit – crédit photographique : Observatoire 1 / 8’18’’

La disposition verticale des déflecteurs permet également au visiteur de percevoir la voute céleste depuis l’espace d’exposition, rappelant ainsi les qualités d’ambiances des musées de Beaux-Arts du 19ème siècle.

La mise en place de ce type de dispositif dans un cadre bâti existant nécessite une grande précision pour assurer l’absence de raies de lumière directe. Cette précision se joue notamment à trois étapes clés du projet :

  • le relevé des existants : les prises de mesure et l’intégration des irrégularités du bâti
  • la conception et la modélisation du dispositif suivant différentes temporalités
  • la réalisation des travaux

En complément de cet éclairage d’ambiance, des éclairages directs localisés sous forme de projecteurs intégrés sont situés en sous-face de l’espace suspendu et offre un éclairage de rehaut.

Photographie des déflecteurs

Photographie des déflecteurs – crédit photographique : Observatoire 1 / 8’18’’

Photographie des déflecteurs

Photographie des déflecteurs – crédit photographique : Observatoire 1 / 8’18’’

Dans l’espace d’expositions temporaires situé au deuxième étage, le projet architectural propose de créer un espace décloisonné et flexible intégrant de grandes cimaises mobiles (sur rail). Les cimaises sont alors positionnées soit entre les fenêtres, soit devant les fenêtres. Ainsi, l’éclairage d’ambiance est intégré au doublage du mur en partie basse de manière à produire un effet de mise en lumière des parois.

L’éclairage de rehaut se fait par des projecteurs situés au plafond. Cet éclairage met en valeur la qualité esthétique et patrimoniale de ce plafond composé de petites voutes de briques entre poutres métalliques.

L’espace d’expositions temporaires

L’espace d’expositions temporaires – Crédit photographique : Frenak & Jullien

Au rez-de–chaussée, l’objectif est de limiter les effets de contrastes lumineux entre les grandes baies et les œuvres, et de réduire ainsi les risques de contre-jour et d’inconfort visuel. Pour cela, la mise en lumière de l’espace est traitée par un éclairage indirect intégré en lustre, qui valorise par ailleurs la qualité patrimoniale des voutes, et par un éclairage direct de rehaut par des projecteurs.

Coupe de la conception lumière des différents espaces d’éclairage

Coupe de la conception lumière des différents espaces d’éclairage – crédit photographique : Observatoire 1 / 8’18’’

La mise en lumière des circulations

Les espaces de circulation tels que les escaliers sont mis en lumière de manière à valoriser à la fois la qualité architecturale et patrimoniale de l’espace mais également à garantir un confort d’usage pour tous les visiteurs. L’escalier monumental étant classé au titre des Monuments Historiques, l’intégration de multiples appliques permettant d’obtenir le niveau d’éclairement réglementaire n’était donc pas possible.

Concernant la partie haute de l’escalier, la solution retenue a été la mise en place d’un dispositif d’éclairage en plafond, traité comme une verrière, et rappelant la lumière naturelle qui baignait les escaliers à l’époque. Cela offre, par ailleurs, une continuité avec l’éclairage naturel de la verrière de l’espace d’exposition situé au troisième étage.

Ce dispositif ne permettant pas, en revanche, un éclairement suffisant sur les volées basses de l’escalier, un complément de lumière est apporté grâce au rétro-éclairage de la main-courante par des bandes de leds. Les marches sont ainsi signalées par des bandes blanches réfléchissant la lumière des appliques et des leds et permettant d’obtenir un contraste suffisant avec la pierre. En complément, quelques appliques sont disposées dans l’escalier.

Conception lumineuse du grand escalier

Conception lumineuse du grand escalier – crédit photographique : Observatoire 1 / 8’18’’

 

Article rédigé par Clémentine Laurent-Polz.