Présentation générale
Le musée Picasso est fondé sur l’ancienne acropole de la ville grecque Antipolis. Le château est habité par la famille Grimaldi à partir du 14ème siècle après avoir été pendant neuf siècles une résidence d’évêques. Le bâtiment devient ensuite successivement demeure du Roi, puis à partir du 18ème siècle, hôtel de ville et enfin caserne militaire au 19ème siècle.
Principales interventions d’accessibilité :
- parcours muséal
- aménagements intérieurs
- ateliers thématiques
Situation géographique :
- Antibes, Alpes maritimes, France
Description des installations :
Le bâtiment d’origine s’articule autour d’un donjon carré datant du 13ème siècle et se déroule suivant un plan en « U » composé de trois ailes. Les différentes affectations du lieu au cours des derniers siècles ont engagé des travaux et de nombreuses modifications, qui se traduisant dans le bâti par de nombreuses différences de niveaux à l’intérieur du musée.
En 1925, le château est racheté par la ville et devient un musée d’histoire et d’archéologie. Il est classé entièrement au titre des Monuments Historiques en 1928. En 1946, Picasso y séjournera durant 2 mois et produira un grand nombre d’œuvres, dont Les Clés d’Antibes, sur un des murs du musée. En 1966, en hommage au peintre, le château Grimaldi devient le musée Picasso.
Le projet de mise aux normes du musée est initié au début des années 2000 (programme et diagnostic) pour lancement des travaux en 2007. Le chantier, qui comprend la restauration et l’aménagement intérieur du musée et la restauration des façades, s’achève en juillet 2008.
Pour aller plus loin :
- la page dédiée au musée (nouvel onglet)
Enjeux du site
Valeur patrimoniale et attractivité
- bâtiment entièrement classé au titre des monuments historiques depuis 1928
- mention spéciale au prix « Patrimoines pour Tous » 2015
- 150 000 visiteurs/an
Problèmes d’accessibilité
- accessibilité des différents niveaux des bâtiments existants
- accueil des publics : vestiaires et sanitaires, librairie, mobilier,…
- des outils de médiations pour tous les publics à développer
Stratégie d’intervention
Le projet propose de redonner à voir des éléments patrimoniaux disparus pour assurer l’accessibilité du musée et fluidifier son parcours muséographique. Ainsi, une rampe est créée à l’extérieur du musée permettant de dissocier les flux entrants et sortants du musée. Cette rampe, située sur la façade Nord, reprend l’emplacement de la rampe existante démolie en 1954.
La rampe d’origine au 19ème siècle. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Le projet propose également une intervention épurée dans le traitement des mobiliers et vitrine en les intégrant systématiquement aux murs, rendant ainsi la lecture de l’espace plus aisée et valorisant ainsi sa qualité patrimoniale.
Projet
Un parcours de visite repensé
Le projet de réaménagement des espaces intérieurs permet de repenser le parcours muséal en décomposant le musée en trois parties, chacune étant répartie sur un niveau pour une meilleure lisibilité des espaces:
- le rez-de-chaussée comprend les espaces d’accueil du public et la donation d’Hartung-Bergman (plusieurs artistes du 20ème et 21ème siècle y sont présentés)
- le premier étage est consacré aux expositions temporaires et à la collection Nicolas de Staël
- le second étage abrite la collection Picasso et s’articule autour de l’atelier Picasso.
La création d’une rampe
La circulation est fluidifiée par la création d’une rampe extérieure destinée au public sortant du musée, les flux entrants et sortants sont ainsi dissociés. La passerelle est réalisée en bois de même que la plateforme élévatrice permettant l’accès aux personnes en fauteuil depuis la douve. Elle est composée d’une structure métallique et d’un platelage bois brute de sciage permettant de dialoguer avec l’aspect brut de la maçonnerie des murs latéraux.
L’espace situé sous la rampe est optimisé, puisqu’il abrite des espace techniques tels que les locaux de ventilation et de chauffage et refroidissement.
Réfection des espaces destinés au public : accueil, vestiaires, sanitaires, librairie et mobilier, banque d’accueil.
L’ensemble des aménagements a été pensé dans un même vocabulaire afin de redonner à lire une cohérence entre les différentes espaces du musée. Ils sont tous réalisés en béton blanc et bois. Ces matériaux sont choisis pour leur résistance et leur bonne durabilité dans le temps.
La banque d’accueil est composée d’une partie surbaissée pour être accessible aux personnes en fauteuil.
Banque d’accueil. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Par ailleurs, cette notion de parcours fluidifié s’est établie dans une logique plus globale, avec une réflexion aux abords du bâti. Les abords ont été piétonnisés, et ont fait l’objet de plusieurs aménagements : la création de stationnements PMR, la pose d’un revêtement de sol en pavés de granit, la suppression d’emmarchements, l’installation de bandes de pierres indiquant l’entrée vers le musée.
Les abords du musée. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
La gestion des nombreuses différences de niveaux
Création d’un ascenseur et de plateformes élévatrices
L’ascenseur est aménagé au niveau de la façade Ouest du bâtiment dans les douves du château. Il permet de relier le niveau bas de la place Mariejol au niveau haut de la porte d’entrée du musée.
La pierre du seuil de la porte d’entrée a dû être retaillée pour l’accessibilité des personnes en fauteuil. La différence de 5 centimètres a ainsi été traitée en rampe d’accès.
Entrée du musée avec l’élévateur. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Les différents services aux publics sont tous répartis au rez-de-chaussée qui comptent un certain nombre de différences de niveaux. Plusieurs stratégies ont ainsi été déployées pour permettre le passage entre les différents espaces:
- une plateforme à crémaillère adossée au mur de l’escalier permet d’accéder à la salle de la collection Hartung-Bregman
- une plateforme élévatrice permet d’accéder à la librairie située en contrebas de 93 centimètres.
- le vestiaire est situé lui aussi en contrebas (de 42 centimètres par rapport à l’accueil), un comptoir a donc été rendu accessible depuis la circulation à niveau.
Accès au vestiaire entre l’accueil et le patio – Accès à la librairie. Accès à la collection Hartung-Bergman par une plateforme.
Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Les premier et second niveaux sont desservis par un ascenseur depuis la circulation de rez-de-chaussée. Le traitement de l’ascenseur, en terme de matériaux et couleurs, permet de l’intégrer à l’aménagement intérieur de façon à limiter son impact visuel tout en le rendant identifiable (grâce à l’habillage du mur en claire-voie de bois attenant).
Intégration de l’ascenseur. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Le premier étage compte lui aussi des différences de niveau notables. L’aile droite ouest et l’aile nord possèdent en effet une différence de niveau de 23 centimètres. Une pente de 4% d’inclinaison a donc du être créée pour accompagner cette déclivité et permettre une large accessibilité. En revanche, l’une des salles du premier étage (située 70 centimètres en dessous du niveau adjacent) n’a pas pu être rendue accessible en raison du caractère exigüe de la salle et de l’impact structurel qu’aurait représenté l’ajout d’une plateforme élévatrice.
Salle en pente permettant de gérer la différence de niveau du premier étage. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Enfin, le dernier niveau présente également une différence de niveau importante entre l’aile Ouest et l’aile Sud. Le différentiel de 95 centimètres a pu être franchi grâce à l’installation d’une autre plateforme élévatrice dans l’une des salles qui sert ainsi de sas avant l’entrée dans l’atelier Picasso.
Plateforme et escalier d’accès à l’atelier Picasso – Atelier Picasso. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Des ateliers de médiation pour tous
Depuis sa réouverture en 2008, le musée Picasso reçoit environ 1000 visiteurs en situation de handicap par an. Un quart d’entre eux sont accueillis par le service des publics des musées.
Pour chaque groupe accueilli, le musée propose des micro-projets de médiation adaptés aux besoins identifiés et aux attentes des différents publics. Le projet de médiation se co-construit avec les participants, par le biais de rencontres préalables. Dans certains cas, le projet prévoit également le travail avec les équipes soignantes. Ces projets de médiation sont l’occasion de renforcer le lien avec les œuvres et le musée, et de faire évoluer à la fois le site et le personnel du musée. Ces outils se veulent adaptables et durables, sans cesse en construction. L’objectif est également de favoriser les rencontres entre les différents publics, en situation de handicap ou non, et de tous âges.
Les publics en situation de handicap moteur
Le travail avec l’IME Rossetti a permis de faire découvrir le musée aux jeunes de l’institut, ceux-ci étant souvent polyhandicapés. Le parcours de visite a été l’occasion de se questionner sur le rapport aux œuvres. Un atelier plastique mettant en jeu diverses techniques d’expression est ensuite organisé pour que les jeunes puissent rendre compte de leurs ressentis et de leurs perceptions. Des échanges avec les enfants des écoles primaires ont également permis aux jeunes en situation de handicap de présenter et de valoriser leur regard.
Les publics ayant des troubles cognitifs
Les visites sont organisées par une médiatrice qui encourage les visiteurs au plaisir de la découverte et de la perception des éléments importants des œuvres. Un travail en atelier permet ensuite de retranscrire les apports de la visite par l’expression plastique.
Travail sur la composition et l’équilibre à partir d’œuvres d’Arman et de Picasso. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Avec les personnes souffrant de troubles psychiques, le musée prévoit plusieurs visites thématisées sur l’année afin de leur permettre de bien se familiariser avec le musée et les œuvres. Un atelier de création plastique est également proposé à l’issue de la visite.
Des ateliers spécifiques sont également dédiés aux enfants autistes. L’enfant est accompagné d’un autre enfant de son entourage et d’un adulte. Ils travaillent ainsi, ensemble, sur des thématiques en lien avec des enjeux thérapeutiques pour l’enfant définis en collaboration avec un psychologue (la communication, le langage, etc.).
Enfants autistes au musée : autour du geste et de Hans Hartung. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Des ateliers ont également lieu pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Ces ateliers ont été mis en place en lien avec les équipes soignantes du CCAS d’Antibes.
Les publics sourds et malentendants
Le travail avec l’association locale PI Sourds permet de travailler sur la présentation des différentes œuvres en LSF.
Par ailleurs, des visites des collections et des expositions temporaires sont également régulièrement proposées en LSF. Certains ateliers sont également animés en LSF.
Enfin, un dispositif de boucle magnétique portable et de casque est également disponible pour les malentendants.
Les publics déficients visuels
Des partenariats sont mis en place avec les acteurs locaux spécifiques, notamment avec les élèves de l’école spécialisée du Château de Nice. Un atelier organisé avec les élèves a abouti à la production d’un film d’animation. Les élèves utilisent les reproductions tactiles des œuvres et les explications en braille.
Le musée travaille également avec l’association Valentin Haüy. Des ateliers de création ont été organisés en mettant en lien des élèves et des personnes malvoyantes. Le projet aboutissait à la création de compositions odorantes et tactiles.
Les différents ateliers proposés par le musée. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
En complément de l’audio description, un livre tactile a par ailleurs été réalisé en 1992 par Claude Garrandes sur les Picasso d’Antibes. Le livre, qui s’intitule « Caresser Picasso », contient des reproductions en relief et des explications en braille. Le musée le met à disposition des visiteurs.
Livre tactile. Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Enfin, une médiatrice spécialisée a également réalisé plusieurs reproductions tactiles d’œuvres de Picasso comme autant d’outils support de visite.
Reproduction en relief de Mère et enfants jouant, Pablo Picasso, 14 juin 1952
Reproduction en relief de Portrait de Françoise, Pablo Picasso, 1946
Crédit photographique : Direction des musées, Antibes
Acteurs et processus de projet
Acteurs
- Maitre d’ouvrage :
- ville d’Antibes
- Administrations consultées :
- Direction des Musées de France
- Direction Régionale des Affaires Culturelle, la Conservation Régionale des Monuments Historiques
- Maître d’œuvre :
- Architecte en Chef des Monuments Historiques : Pierre-Antoine Gatier
- Associations locales pour la mise en place des outils de médiation.
Processus de projet
Le personnel a été formé en interne pour l’accueil des personnes en situation de handicap.
Le projet a pu voir le jour dans la cadre d’une concertation large des différents acteurs : la Direction des Musées de France, le Conservateur du musée, l’Architectes en Chef de Monuments Historiques, la Conservation Régionale des Monuments Historiques, le Service Régional de l’Archéologie, les Commissions Départementales de l’Accessibilité et de la Sécurité, l’Architecte des Bâtiment de France et la Ville d’Antibes.